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Montre nous le Père.

Comme chacun d’entre nous, les apôtres de Jésus s’interrogaient eux aussi entre eux. Et c’est Philippe qui ose lui demander : Montre-nous le Père" (jean 14'8) Et Jésus lui fait cette réponse assez étonnante qui semble stupéfiante d'orgueil: "Il y a si longtemps que je suis avec vous Philippe; et tu ne me connais pas encore? ".. Ne sais-tu pas que... Qui m'a vu a vu le Père! "..

-"Tu ne chercherais pas Dieu si tu ne le connaissais pas déjà, si tu ne savais pas qui il est ...ce qu'il est.

De même que tu n'aurais pas soif si l'eau n'existait pas, si tout ton organisme n'était pas prêt à être hydraté, et si tu ne connaissais pas d'une certaine façon quel est le goût de l'eau. -Tu ne connaîtras jamais Dieu qu'à travers moi.-Tu ne connaîtras jamais Dieu qu'à travers un homme.. .Tu le verras dans un étranger que tu auras si bien traité qu'il te considérera comme un frère..-Tu verras Dieu dans un vieillard que tu auras bien écouté. -Tu verras Dieu dans ton mari, ta femme, tes enfants, quand tu leur auras permis de redevenir vivants, neufs, riches de tout ce que tu n'avais pas encore remarqué... -Tu connaîtras Dieu par l'approfondissement de ton humanité, par le surgissement de ce que tu as de meilleur. -C'est quand tu te sentiras,, filial que tu devineras le Père, et tu sauras de quel amour on peut aimer celui qui se confie à nous. -C'est quand tu auras aimé vraiment que tu connaîtras la force de l'amour avec lequel Dieu t'aime. -Heureux êtes-vous qui avez un coeur de pauvre car vous êtes naturalisés aux moeurs de Dieu qui est don et partage. -Tu ne chercherais pas Dieu si tu ne le connaissais déjà! -Tout est déjà en toi, et quand tu croiras vraiment en moi, tu ne pourras que croire en toi. Et toi en moi, moi en toi, nous déplacerons des montagnes. -Et la vérité? Tu dois bien la connaître pour la rechercher avec tant de persévérance, et aussi que tu la reconnaisses quand elle se présente, et que tu discernes les erreurs quand elle la contredit. -Et tu dois bien connaître la beauté pour être tellement dépaysé par la laideur. - Quant à l'amour, tu dois très bien savoir ce qu'il est pour en avoir une telle faim, un telle soif et être si heureux le connaître quand tu aimes, et si malheureux quand tu réalises que tu t'es trompé. -Toutes ces facultés sont en toi, (Oui, croyez que vous avez déjà tout reçu!) Tu juges continuellement ta vie en fonction d'une présence, d'une réalité intérieure, à laquelle tu cherches à correspondre, et que tu sais être plus vivante que toute réalité extérieure. -Mais comment saurais-tu que tu es imparfait si, justement, il n'y avait en toi une idée de la perfection? C'est cette intuition, bien que voilée, qui nous donne le sentiment de notre imperfection. Il y a un absolu voilé au fond de nous qui nous dirige et juge toutes nos expériences comme un mètre étalon qui juge la portée exacte de nos actes. -Intuitivement, nous comparons tout ce que nous vivons à cette aune là. Cet appel Divin en moi dépasse tout ce que j'expérimente, et anime ma recherche... Vous me comprendrez peut-être mieux si j'emploie ce paradoxe inouï issu de ma jeunesse: je n'éprouvais la présence de Dieu que parce que je souffrais de son absence. Mais comment aurais-je éprouvé cette absence si je n'avais pressenti ce que pouvait être sa présence ? C'est donc bien que sa présence voilée m'habite.

Louis Evely

Texte proposé par Claude Challandes

Note : Marcel Légaut et Louis Evely s'appréciaient et étaient proches dans leurs cheminements respectifs.