Edito décembre 2023
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LÉGAUT ET SES LECTEURS
Il faut se rendre à l’évidence : le nom de Légaut est devenu presque confidentiel chez les chrétiens et ne dit rien – sauf exception – aux non-croyants. Comment expliquer cette méconnaissance (après une réelle notoriété, dans les années 70) ? Comment expliquer que ses livres n’attirent que peu de lecteurs ? Je me propose de répondre à cette dernière question en suggérant une explication – peu soulignée – parmi d’autres possibles.
On peut dire que Légaut ne fait rien pour séduire le lecteur. En exagérant un peu, on pourrait même dire qu’il « décourage » le lecteur potentiel – celui ou celle en tout cas qui l’aborde, en ouvrant un de ses livres avec une certaine curiosité, voire avec attention.
Voici une personne, intriguée par ce titre L’homme à la recherche de son humanité, qui se met à lire la première page de l’introduction. Elle se rend compte d’emblée qu’elle a affaire à un auteur « pas comme les autres » : Légaut n’enseigne pas une nouvelle conception de la vie spirituelle ; il incite à une démarche personnelle, à une mise en route – dont il ne cache pas qu’elle est coûteuse.
« Cette démarche est difficile. Elle exige de la ténacité. Elle demande recueillement et réflexion. L’homme doit se dégager des emprises puissantes de l’activité quotidienne. Il doit parvenir à une réelle connaissance de la vie à partir de la sienne propre» (p 7)
Légaut précise que son livre n’est nullement un ouvrage de spéculation mais « une sorte de témoignage » rendant compte « d’une recherche menée par l’auteur afin d’en vivre personnellement ». Si, sur la base de cette précision, le lecteur potentiel s’imagine que l’auteur fera le récit de ses découvertes, de ses enthousiasmes, mais aussi de ses résistances, de ses combats, voire de ses échecs, il ne peut qu’être déçu : le témoignage de Légaut est dépersonnalisé : il ne dit pas Je, il dit : L’homme.
Légaut avertit son lecteur qu’il ne tirera profit de son ouvrage que s’il a « assez vécu » et, d’autre part, que s’il lit dans certaines dispositions : « à l’heure où (il) est vraiment à lui-même dans la lucidité et une authenticité suffisante »(p.8). Dispositions dont il dira, dans un autre ouvrage (Intériorité et Engagement, p.17-18), que nous n’en sommes pas tout-à-fait maîtres ; qu’elles sont « le fruit d’une lente et secrète préparation du passé ».
Légaut déclare sans ambages qu’il est « austère ». Il ne propose pas « Les 8 secrets du bonheur » ni « Les 6 dimensions pour alimenter son bien-être psychologique ». Rien chez lui qui ressemble aux recettes du développement personnel. Devenir soi, ce titre peut attirer. Si on ouvre le livre au hasard, on peut tomber sur ces lignes : « Il est des exigences intimes qui imposent des choix décisifs et irrévocables. Elles obligent par suite à des renoncements et à des sacrifices dont les conséquences dans l’avenir ne sont pas prévisibles. » (p.111). Il est à craindre que des phrases de ce genre, quand on ignore tout du contexte, provoquent un recul: « Pas pour moi ! »
Légaut est un homme qui a mené une existence hors norme. Moins par la décision spectaculaire de passer de l’enseignement universitaire au métier de paysan-berger que par son écoute persévérante des appels intérieurs auxquels il se rendait attentif et par son courage à y répondre – convaincu que c’était là la seule manière de s’accomplir comme homme. Son œuvre est le miroir de sa vie : complexe, ardue, déroutante parfois, et par-dessus tout : exigeante.
C’est dire que pour lire Légaut il faut bien plus qu’une attention soutenue : une amorce déjà, chez le lecteur, de ce dont il témoigne et un effort – précise-t-il – pour se mettre au niveau des dispositions de l’auteur lorsqu’il écrivait. Cela n’explique-t-il pas – en partie – que bon nombre des personnes qu’attire le berger de la Drôme soient déconcertées et renoncent à tenter l’aventure ?
Jean-B. MER
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Nous venons d’apprendre le décès de Thérèse DE SCOTT survenu dans la maison de retraite de sa congrégation où elle se trouvait depuis plusieurs mois après avoir quitté LOUVAIN LA NEUVE. Nous consacrerons un article sur sa vie, son œuvre et sa rencontre avec Marcel Légaut dans notre prochain numéro de Quelques Nouvelles. |
Reformuler la prière, une des caractéristiques de membres du groupe Légaut : un exemple, Paul Abéla (1921-2010)
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Reformuler la prière, une des caractéristiques de membres du groupe Légaut :
un exemple, Paul Abéla (1921-2010)
Paul Abéla est né en 1921 dans une famille chrétienne de « levantins ». Sa famille paternelle était originaire de l’île de Malte et sa famille maternelle, de Damas en Syrie ; toutes deux de culture française. Il passe sa jeunesse en Égypte et au Liban puis, à partir de 28 ans, en France, surtout à Paris. Son enfance est pieuse, disciplinée, et ses études se déroulent chez les Jésuites du Caire, avec le latin et l’arabe au programme, des mathématiques (Math-Élem). Il fait des études d’ingénieur (spécialiste du béton) à Beyrouth entre 1941 et 1945, travaille au Caire puis à Assouan et s’installe à Paris fin 1948.
De tradition, sa famille est pratiquante et familière de la Bible, évoquant son père ,il écrit « je suis témoin qu’il priait les psaumes ». Il expérimente un groupe de célibat, se marie tardivement. Il se nourrit de la Bible, de la pensée de Marcel Légaut et de Maurice Zundel.
Devenu ingénieur de travaux publics, bilingue, économiste et prospectiviste, Abéla est recruté au Bureau International du Travail à Genève, il milite au Parvis, aux Amis de Maurice Zundel, au Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs, au Parti socialiste. Ce qui l’amène à mettre par écrit sa réflexion sur l’emploi : « Continuer à faire appel à la croissance – et surtout celle des autres – pour résoudre le chômage, est devenu un vœu pieux pour masquer un manque d’imagination têtu, alors que, face à des situations sans précédent, il faudrait inventer des solutions nouvelles […] et faire ce qui dépend de nous :
Projet d’argumentaire pour un appel à contributions (écrites)
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L’élaboration d’une œuvre spirituelle en communauté :
Marcel Légaut et son groupe (1925 – 2025)
A l’automne 1925, Marcel Légaut va faire une méditation sur l’Évangile à l’École Normale de Saint-Cloud : de Normale Sup et d’un groupe Tala lié au père Portal, un chemin s’ouvre dans la citadelle du premier degré, et directeurs d’École Normales, inspecteurs primaires, enseignants des Écoles Normales, se voient offrir une possibilité d’exercer leur mission d’enseignants au service de la République ET de catholiques. Cent après, quel est le constat ? Dans une Église où la crise moderniste a amené une atmosphère de délation et de refus de la société moderne – comme les apports de la science –, tout en intégrant la nécessité d’une évolution voire d’un aggiornamento, Marcel Légaut a publié une réflexion religieuse à partir de sa propre humanité, a rompu avec le milieu universitaire en s’implantant comme exploitant sylvo-pastoral dans la Drôme et, après force « topos » et « médit » a produit une œuvre qui rencontre, dans les années 1970, un public considérable : à la recherche de son humanité, il rencontre un vaste public lui aussi cheminant. Si l’on connaît bien le personnage, des zones d’ombre sont à éclairer, depuis le dépôt aux Archives Nationales d’une partie de ses archives : grâce aux archives déposées à l’Université de Louvain, son exploitation agricole, sa critique de l’Action catholique, sa recherche d’un éditeur pour un ouvrage de 900 pages peuvent être étudiés, entre autres.
Centenaire du groupe Légaut - 1925-2025
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Le centenaire du groupe Légaut en 2025.
En 1925, à la rentrée, Marcel Légaut, à Normale sup. va méditer les évangiles avec des normaliens de Saint Cloud, ouvrant ainsi l’univers du premier degré de l’enseignement à sa réflexion, celle d’un laïc. Le groupe Légaut, sans grande ossature, naît et après des péripéties variées, de Paris à Chadefaud dans le Massif Central, puis Les Granges de Lesches et Mirmande dans la Drôme, perpétue ses rencontres jusqu’à ce jour.
Il y aura plusieurs manifestations en 2025. Certes le conseil d’administration des 14-16 février 2023 a validé trois évènements :
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La mise en numérisation de l’oeuvre complète de Marcel Légaut, avec sa mise à disposition par le site de l’ACML. Paul Roux a piloté l’ensemble avec l’aide de nombre de membres de l’ACML, Serge Couderc, Jean-Jacques Chevalier, Jocelyn Goulet, Chantal Decoorebyter, François-Xavier Légaut, Dominique Roux, Rémy Légaut, Dominique Lerch, ...
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Une date : 10 septembre 2025 est à retenir à Valence aux Archives départementales (à côté de la Préfecture). Vous trouverez ci-joint l’appel à contributions qui concerne la vie des groupes, le rayonnement de Marcel Légaut, son apport, ses racines. N’hésitez pas à proposer des éléments, nous pourrions avoir une partie d’échanges sur la vie des groupes en suite des communications. Mais nous aurons aussi besoin de quelques coups de main pour l’accueil des communicants, l’hôtellerie, les repas, surtout si la journée d’études devient un colloque international où l’Espagne et le Québec sont d’ores et déjà partants et où nous ne désespérons pas d’avoir une contribution belge.