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Simple hommage à un disparu, Jean-François Vincent, entre Marcel Légaut et Le Parvis

Le 12 octobre dernier, l’église de La Belle-de-Mai à Marseille était pleine : la solidarité des clercs, les fruits de tes engagements, Jef , concouraient à donner une présence palpable à un dernier adieu et, spontanément ou pas, le chant de la promesse scoute t’accompagnait à la fin vers le corbillard, indiquant un de tes traits : donner sans compter…

                Tu es donc parti, à la fois avec notre inquiétude (ta santé et ton cœur t’avaient mené à des hospitalisations longues) et notre sérénité : nous savons qu’à peine arrivé au Paradis, tu as accepté la présidence des scouts disparus, participé à une fondation du suivi des centres sociaux, tout en étant reçu par la belle-mère de saint Pierre que tu tenais à saluer.

                Nous allons donc devoir ranger ta chambre à la Magnanerie de Mirmande, lieu de rencontre du groupe Légaut. Tu avais longtemps cherché à rencontrer Marcel Légaut et nous avions tenu compte – autant que possible – de tes remarques afin d’être plus visibles. Tu t’installais pour un mois, chaque année, à la chambre n° 1, avec tes livres. Tu participais à plusieurs rencontres autour de la pensée de Marcel Légaut, intervenais sur la structuration de ta paroisse où des laïcs étaient missionnés (la rotation rapide m’interrogeait) ou l’accueil des Roms, donnais des clés (mnémotechniques) pour retenir les conciles (finalement, à l’échelle de vingt siècles de christianisme, assez peu fréquents), portais le concile de Vatican II commeArbreBrouillard1 ouverture . Et au conseil d’administration, ta mémoire, aidée d’un ordinateur portable, faisait merveille et tu savais bâtir, entre tant d’egos, un calendrier serein des rencontres annuelles qui se tiennent à la Magnanerie de Mirmande.

                Chaque année, si ton emploi du temps le permettait, tu te faisais une joie de représenter, avec deux autres personnes, l’Association Culturelle Marcel Légaut à l’A.G. du Parvis. Tu y tenais, et veillais, en cas d’impossibilité, à ce que les deux autres soient bien présents. Car Le Parvis est quelque chose d’essentiel, un lieu de rencontre exceptionnel : celles et ceux qui entrent, celles et ceux qui restent sur Le Parvis, celles et ceux qui sortent. Dans ces flux, on se parle et celles et ceux qui forment aussi l’Eglise, disent des expériences vécues qui, hélas, ne remontent guère et tendent à priver la partie parlante de la partie vécue.

                Oui, l’homélie t’a rendu justice : tu as été présent aux périphéries du monde et de l’Eglise. Et dans cette présence, tu puisais ton ressourcement,  je cite, « en fréquentant le groupe Marcel Légaut (…) [qui] développe une pensée originale à propos de l’avenir des communautés paroissiales ». En sachant qu’il faut avoir une culture spirituelle solide où la compréhension du modernisme et d’ « emmurés vivants » a toute sa place et où il s’agit d’être, en homme incarné, le disciple de Jésus. Le fronton de ton église le disait fortement : « Je suis le chemin »     , et tu chemineras donc avec nous, en nous, cher Jef.

Dominique